L'électrification est un sujet brûlant chez Audi. Récemment, l'E-Tron GT a été lancé, la gran turismo sur la plateforme de la Porsche Taycan. La semaine prochaine, le rideau se lèvera sur le Q4 E-Tron, le SUV basé sur la plateforme MEB des Volkswagen ID.3 et ID.4. On pourrait presque qualifier la version SUV de l'E-Tron, qui est apparue en 2018 et a ajouté une version Sportback, de pionnière déjà pour cette raison.

Mais ce n'est pas parce qu'Audi accélère ce passage à l'électrique qu'elle abandonne ses traditions. Il y a également de la place pour les versions S et RS des électriques. L'E-Tron GT a fait ses débuts en version RS, et l'E-Tron et l'E-Tron Sportback recoivent une version S. Le préfixe "S" devient un suffixe dans ce cas, et voilà qu’est né l'Audi E-Tron S Sportback.

S-pécifique

Ces modèles S sont dotés d'un style spécifique maison. Cet E-Tron Sportback ne fait pas exception : vous le reconnaîtrez bien sûr aux logos S obligatoires, mais aussi à son pare-chocs plus marqué et à ses inserts gris argent. Si vous laissez les caméras au catalogue - ce que fait une grande partie des clients de ce pays, nous confie l'importateur - vous verrez également les bouchons de rétroviseur en gris argenté. Les autres indices sont les passages de roues qui ont été élargis de pas moins de 23 millimètres.

À l'intérieur, Audi maintient les changements dans les versions S relativement discrets, et ce n'est pas différent. De série, vous disposez de sièges plus sportifs avec l'inscription S, tandis que vous pouvez payer un supplément pour des sièges confort ou des sièges sport avec appuis-tête intégrés. Pour le reste, ce ne sont que les logos S et éventuellement le volant qui constituent la plus grande différence avec les versions normales. Le tableau de bord est à nouveau dominé par le Virtual Cockpit et les écrans tactiles pour l'infotainment et la climatisation. L'intérieur et le coffre sont identiques à ceux de la Sportback classique, y compris le compartiment de rangement pour les câbles à l'avant.

DE DEUX À TROIS

En ce qui concerne le groupe motopropulseur, Audi dévoile une première. Avant même la Tesla Model S Plaid, cet E-Tron S etait la première voiture électrique en production dotée de trois moteurs électriques. Les E-Tron normales n’ont qu’un moteur électrique à l'avant et un plus puissant à l'arrière. Dans cette S, ils échangent leurs places : le moteur puissant se trouve désormais sur l'essieu avant, tandis que le moteur électrique moins puissant se déplace à l'arrière, accompagné d’un autre identique. Ainsi, chaque roue arrière dispose de son propre moteur électrique.

La puissance totale est de 436 ch et 808 Nm, et pendant huit secondes, elle atteint même une pointe de 504 ch et 973 Nm. Ceci permet à l'E-Tron S Sportback d'atteindre 100 km/h en 4,5 secondes et d’avoir une vitesse de pointe limitée à 210 km/h. Pas mal pour une machine qui pèse 2,7 tonnes. Pour tirer le meilleur parti de la puissance dans les virages, Audi a créé une nouvelle interprétation du système Quattro, contrôlée par ordinateur. En circonstances normales, les moteurs électriques arrière assurent la propulsion, tandis que le moteur avant vient à la rescousse en cas de besoin. Les roues arrière ne sont pas reliées par un différentiel mécanique : chaque moteur électrique envoie sa puissance à sa roue spécifique.

Gros garçon

Sur le papier, tout cela sonne bien, mais dans la pratique, l’E-Tron S Sportback garde ses sensations bien cachées. Le 0 à 100 km/h n'est pas aussi rapide qu'il n'y paraît sur le papier et il faut passer par la physique d'un pack de batteries plombé et faiblement implanté avant de se rendre compte que la stabilité en virage à vitesses grossières est imperturbable. Dans le bon mode de conduite et avec l'ESP dans le mode le moins vigilant, vous pouvez en principe laisser s'échapper l'arrière, mais vous avez besoin d'espace pour le faire - et l’E-Tron doit s'y sentir.

Audi a spécifiquement ajusté la suspension pneumatique pour un style de conduite plus sportif et un meilleur contrôle de la carrosserie. Ca fonctionne, mais au prix des kilos de la batterie que cette suspension est censée camoufler. Ainsi, dans cet E-Tron S, la suspension ne semble pas y parvenir aussi bien que dans les modèles ordinaires. Et nous n'avons pas encore parlé de la consommation de carburant. La batterie a une capacité de 95 kWh (dont 86 kWh utilisables) et promet une autonomie WLTP de 370 kilomètres. Dans la pratique, nous n'avons pas dépassé les 300 kilomètres : une consommation moyenne de 28 kWh/100 km est la valeur qu'Audi indique elle-même, mais c'est un dévoreur d'énergie, quelle que soit la façon dont on le regarde.

PRIX

La grande question est de savoir si vous êtes prêt à payer 99 160 € pour la finition plus sportive et le moteur électrique supplémentaire de cet E-Tron S, qui, dans la pratique, ne répond pas toujours aux attentes créées par le logo. Le supplément par rapport à la 55 Quattro est de près de 12 000 euros ! Un montant qui peut aussi facilement être dépensé sur la liste des options. Mais bien sûr, il y a aussi le prestige d'un logo S, qui aide sans aucun doute dans ce segment.

CONCLUSION

L'Audi E-Tron S Sportback est techniquement assez ingénieux. La façon dont les Allemands peuvent faire fonctionner les trois moteurs électriques séparément ou ensemble et la facilité avec laquelle ce colosse reste sur la route sont impressionnantes. Cependant, nous attendions davantage de cette version S. Ou plutôt : moins. Moins de kilos par exemple, car, ici encore, c’est un obstacle qui empêche cet E-Tron de vraiment briller.