Essai : BMW i7 xDrive60 (2023)

La i7 est la version électrique de la toute nouvelle série 7. Tout comme l'i5 l’est à la Série 5, l'iX3 au X3, l'i4 à a Série 4, l'iX1 au... et enfin, vous voyez l'idée. En outre, l'i7 se place d'emblée au sommet de la gamme i de BMW comme voiture de luxe absolue. Ce qui laisse aux PDG ou aux politiciens de haut rang une BMW fiscalement intéressante dans laquelle ils pourront se déplacer même après 2023.

GROTESQUE

Si l'on observe les limousines de luxe des dernières décennies, on constate une chose extrêmement intéressante. En effet, bien qu'elles veuillent se présenter comme l'expérience de luxe ultime, elles traversent souvent le paysage de manière relativement anonyme en termes de design. Délibérément, bien sûr. Parce que vous ne voulez pas être sous les feux de la rampe en permanence, sur le chemin de votre prochaine réunion d'actionnaires. BMW change toutefois de cap avec la nouvelle série 7...

Il suffit de regarder la face avant aux phares divisés de cette i7, la calandre éclairée qui, grâce à un pack M, peut être masquée dans des ailerons noirs. Et surtout, on note la taille grotesque de cette voiture. La nouvelle Siebner est équipée de série d'un empattement allongé et mesure 5,4 mètres de long. Cette voiture vise clairement les marchés chinois et américain. Jamais auparavant les BMW n'ont eu un look aussi polarisant et jamais elles n'ont franchi le comptoir avec autant d'aisance. De quoi faire réfléchir.

HALLUCINANT

Il suffit de monter à l'arrière de cette i7, par exemple. Car alors que son concurrent suprême, la Mercedes EQS se présente comme une pseudo-limousine, BMW joue ici à fond la carte de l'expérience de première classe. Jamais auparavant nous n'avions vu un mélange aussi réussi entre le luxe classique et la technologie moderne. Les matériaux ont un aspect et un toucher chaleureux, les sièges sont ultraconfortables et l'atmosphère générale est celle du luxe à l'état pur.

D'autant plus que la splendeur numérique n'est pas un obstacle. Souvent, les écrans installés à l'arrière d'une limousine sont dépassés avant même d'être mis en production. BMW, cependant, semble avoir fait ses devoirs. Ainsi, il n'y a pas de petits écrans individuels pour chaque passager, mais un énorme écran central de 31 pouces avec une résolution 8K. Netflix, Youtube, Amazon,... tous les services de streaming distingués sont présents. Il y a même une connexion pour votre console de jeux. Bref, d'ici à ce que cela devienne obsolète, nous aurons depuis longtemps passé un facelift.

Pauvre chauffeur...

L'accent mis sur le modernisme présente un inconvénient. Du moins pour le conducteur. Car en termes d'ergonomie, cette i7 laisse des traces. Pas tant en termes de position assise et d'éléments tactiles, mais en termes de contrôle de la technologie. Presque tout est caché dans des sous-menus de sous-menus. Prenez l'écran 8K à l'arrière. Il suffit d'appuyer sur un bouton pour le déplier si le siège du passager avant est suffisamment avancé. Si ce n'est pas le cas, vous devez d'abord accéder à un sous-menu pour déplacer ce siège. Il faut ensuite revenir au sous-menu de l'écran, ce qui permet de le déplier et de fermer automatiquement les stores arrière.

Le plaisir ne s'arrête pas là, car lorsque les passagers arrière ont fini de regarder, vous pouvez utiliser un sous-menu pour faire disparaître l'écran et ouvrir les stores de la porte. Pour rouvrir le store de la lunette arrière, vous devez vous rendre dans un autre sous-menu. On ne rigole pas. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais quand je suis à l'arrière d'une limousine, je préfère que le chauffeur soit occupé à sa tâche principale. Vous savez... conduire !

CRIMINEL

Heureusement, l'i7 fait ça superbement. Car si les marques de luxe ont passé des décennies à investir des milliards dans des moteurs V8 ou V12 crémeux à la recherche de la symbiose ultime entre douceur et performance, un ensemble de moteurs électriques le fait secrètement beaucoup mieux. Nous avons essayé la i7 xDrive60 équipée de deux moteurs électriques développant une puissance totale de 544 ch et un couple de 745 Nm. Une puissance énorme bien sûr, si l'on fait abstraction de la i7 M70, qui affiche une puissance criminelle de 659 ch et 1.100 Nm.

Au bas de l'échelle, d'ailleurs, se trouve la i7 eDrive50. On peut difficilement parler d'une voiture d'entrée de gamme. Avec ses 455 ch (650 Nm) de moteur électrique sur l'essieu arrière, elle atteint tout de même le 0 à 100 km/h en 5,5 secondes. La xDrive60 le fait en 4,7 secondes, la M70 en 3,7 secondes. Au cas où vous auriez perdu le fil, il ne s'agit pas d'une nouvelle génération de Porsche 911, mais bien d'une limousine de luxe allemande pesant environ 2,7 tonnes !

Confort À L'ÉTAT PUR

En effet, vous avez bien lu. La i7 xDrive60 pèse plus de 2,7 tonnes. Cette particularité, associée à ses dimensions généreuses, est unique en son genre. Car, pour la première fois dans toutes les générations de la Série 7, on ne peut plus vraiment objectivement parler d'une voiture à conduire. Alors que ses devancières étaient invariablement des Séries 5 avec un peu plus d'espace et de luxe, cette génération de Série 7 est d'un tout autre calibre. Il s'agit d'une limousine de luxe où l'on s'attarde surtout à l'arrière.

Cela semble être une stratégie intelligente de la part de BMW. En effet, alors qu'avec la Série 7, elle devait invariablement faire un pied-de-nez à la Mercedes Classe S, pour la première fois, Mercedes n'a pas de (meilleure) alternative prête pour cette i7 électrique. L'EQS, dites-vous ? Elle n'arrive pas encore aux chevilles de cette i7. Ce que la nouvelle génération de la Série 7 (et cette i7) perd en termes de comportement « sportif », elle le compense largement en termes d'expérience de luxe. La suspension pneumatique égalise largement la situation, les barres antiroulis sont contrôlées électroniquement et permettent non seulement de stabiliser la voiture, mais aussi d'éliminer les vibrations pendant la conduite. Les freins sont exceptionnels, les moteurs électriques et les quatre roues motrices sont parfaits. C'est du confort à l'état pur.

PAS UN SEUL DÉFAUT TECHNIQUE À RELEVER

Jusqu'où peut-on aller avec cette i7 ? Toutes les versions sont équipées d'une batterie de 101,7 kWh (net). Avec une consommation de 20,2 kWh/100 km pour la i7 xDrive60, l'autonomie est d'environ 500 kilomètres. C'est plus que raisonnable pour une voiture de ce calibre.

Lorsqu'il faut se brancher, la charge en courant alternatif est de 22 kW et la charge en courant continu de 200 kW. Là encore, la i7 peut afficher des chiffres impressionnants. Pendant des années, BMW a été synonyme de moteurs à combustion interne maîtrisés.... mais il semble que les ingénieurs aient réussi à faire la transition vers le monde des électriques sans trop de problèmes. En tant que telle, cette i7 ne peut être prise en défaut sur le plan technique ! À condition d'ignorer un instant les encombrantes portes à ouverture automatique.

SANS CONCURRENCE

Le progrès technique a un prix. Surtout lorsqu'il s'agit d'une voiture phare de 5,4 mètres de long. Car oui, le prix d'entrée de 117 500 € pour la i7 eDrive50 est élevé....mais en réalité, elle est à peine 5 000 € plus onéreuse qu’une 740d xDrive diesel d'entrée de gamme. En ce sens, il est hallucinant que BMW puisse, pour un supplément de prix aussi faible, présenter une voiture qui, en termes de groupe motopropulseur, est nettement supérieure à ses consœurs à moteur à combustion interne. Et soyons honnêtes, le surcoût est plus que récupéré en entreprise grâce à la déductibilité fiscale à 100% ou en privé grâce à l'absence de taxe sur les véhicules.

En outre, la BMW i7 a un autre avantage : l'absence totale de concurrence dans le domaine des véhicules électriques. La Mercedes EQS n'est pas une véritable alternative à la Classe S, soyons francs, et chez Audi, le silence radio autour d'une électrique de luxe commence à être long. L’i7 a donc le royaume pour elle seule et n'a qu'à tolérer les concurrents à moteur à combustion. Même si " Son Altesse " sait que les jours de ces derniers sont comptés…

CONCLUSION

À côté de la Mercedes Classe S, un nouveau roi s'est levé. Son Altesse i7 troque un moteur à combustion interne contre un groupe motopropulseur électrique qui fait vibrer les chamois et offre une pléthore de luxes et de gadgets à ses occupants arrière. C'est la grandeur dans tous les sens du terme à condition de la garer invariablement…nez contre un mur !