Essai : Mercedes EQS 580 4MATIC (2022)

Il est hallucinant de constater qu'il y a quelques années, Mercedes a dû frapper à la porte de Tesla - alors minuscule - pour développer une électrique de série. Après tout, la Mercedes Classe B Electric Drive qui est finalement apparue en 2015 a utilisé le savoir-faire et un groupe motopropulseur de Tesla. Cependant, depuis 2019 et le lancement de l'EQC, Mercedes s'y essaie de son côté. Maintenant, l'EQS doit montrer que les Allemands savent ce qu'ils font.

Forme de SAVON

Si la Classe S est la reine des limousines de luxe, alors cette EQS doit devenir la reine des électriques. Du moins, c'est ce que Mercedes attend. Pas un seul million n'a été épargné. L'EQS est ainsi la première voiture électrique de la marque allemande à reposer sur une plateforme électrique spécifique (enfin Mercedes !) et elle est la figure de proue d'une nouvelle orientation du design. Mercedes l'appelle "purpose design", nous on dirait plutôt "savon fondu".

Car il faut bien le dire, à côté de la majestueuse Classe S, cette EQS a l'air plutôt, euhm, fondue. Quoi qu'il en soit, il faudra sans doute s'habituer aux proportions remaniées des voitures électriques. L’avant est remarquablement court (pas besoin d'un V12 cette fois) et l'habitacle se prolonge presque dans le coffre. Le fait que l'EQS soit devenue une voiture impressionnante est incontestable. Bien que cela soit principalement dû à sa longueur de 5,2 mètres, ce qui la rend un peu plus longue que la Classe S.

CINEMA

La Classe S est avant tout une voiture où l'on s'assied, de préférence à l'arrière. Peut-on en dire autant de cette EQS ? Eh bien, non. En ce sens qu'il est clair que cet EQS s'est principalement concentré sur les passagers à l'avant. À l'arrière, l'impression de Classe S nous manque. Pas de fauteuils luxueux dans lesquels s'enfoncer. Mais une banquette classique et peu d'enthousiasme. Vous voulez donc vous asseoir à l'avant, dans le cinéma Mercedes. Car avec l'hyperécran qui occupe la quasi-totalité du tableau de bord, Mercedes veut clairement être le plus grand. Il faut cependant ajouter que ce tableau de bord numérique est plutôt un gadget et ne sera pas de série sur toutes les versions.

Si l'on va au-delà de la numérisation, on remarque immédiatement que Mercedes assemble des intérieurs depuis plus de dix ans (plutôt cent ans, littéralement). Les matériaux choisis sont magnifiques, l'ajustement et la finition sont impeccables et aucune vache n'a été épargnée pour recouvrir les panneaux de cuir - ne vous inquiétez pas cependant, il existe aussi une alternative en cuir. On aimerait dire qu'aucun autre EV ne peut égaler l'attention portée aux détails…mais ce serait alors ignorer délibérément les Audi e-tron GT et Porsche Taycan. Ce que fait l'EQS, c'est viser clairement le confort et le luxe plutôt que la sportivité. Car tout le monde ne cherche pas une voiture de sport électrique à quatre portes.

Genèse

Le fait que Mercedes accorde la priorité au confort est immédiatement visible dès les fondations. Comme mentionné, l'EQS est la première voiture électrique de la marque à l'étoile qui repose sur une plateforme spécialement développée. Cette architecture électrique modulaire s'infiltrera dans la nouvelle génération de l'EQC dans les années à venir, mais elle sera également utilisée pour l'EQE, le prochain EQG et le SUV EQS déjà annoncé.

Ce n'est pas un défi facile à relever. Après tout, la Classe S est l'une des voitures les plus reconnaissables au monde. Traduire cela en une histoire électrique n'est pas une mince affaire. Mercedes a donc bien fait de préparer sa plate-forme électrique aux technologies susceptibles de porter le confort de conduite à un niveau supérieur. Dans sa forme la plus tangible, il s'agit de la suspension pneumatique intégrale ; plus complexe, d'une armée de radars et de capteurs qui contrôlent en permanence les composants de la suspension.

TRANQUILLE

Le résultat est une limousine qui utilise une énorme quantité de puissance informatique pour maximiser le confort des passagers. Par exemple, le cerveau apprend littéralement la route grâce aux caméras, aux capteurs et aux données GPS pour s'adapter aux bosses et aux nids de poule. De plus, si votre EQS détecte un défaut sur la route, elle transmet cette information aux autres voitures équipées du logiciel afin qu'elles puissent l'anticiper. Par-dessus tout, EQS donne l'impression de conduite sans effort. C'est une voiture qui peut calmer même le plus grand hooligan. Une sorte de limousine qui fait de la conduite non pas une compétition mais un moment de détente.

Il est presque embarrassant que les constructeurs automobiles aient investi des milliards pendant des décennies pour rendre les gros moteurs à essence V8 et V12 aussi crémeux que possible, pour découvrir qu'un moteur électrique que nous avons depuis des années dans notre rasoir fait bien mieux le travail. De plus, grâce aux deux moteurs électriques de la version 580 (un sur chaque essieu), l'EQS peut jouer avec 523 ch et 855 Nm de couple. Cela lui permet d'atteindre 100 km/h en 4,3 secondes. En revanche, dans les virages, il vaut mieux prendre le volant, car Mercedes a beau avoir de nombreux gadgets sous la carrosserie, les lois de la physique sont incontournables. Et 2,5 tonnes restent 2,5 tonnes.

PRIX FORT

770 kilomètres. C'est la distance qu’on peut parcourir avec l'EQS sur une charge complète de 107,8 kWh de la batterie, selon Mercedes. Bien que vous deviez opter pour la 450+ avec un moteur électrique sur l'essieu arrière, vous devez vous en tenir à des jantes aérodynamiques, vous ne pouvez pas cocher l'hyperscreen et vous ne pouvez pas conduire sur l'autoroute. En effet, cette fourchette est un peu large. En réalité, le calcul est beaucoup plus simple : Mercedes annonce une consommation de 20,2 kWh, ce qui donne une autonomie d'environ 530 kilomètres. Plus que décent mais pas +700 km. L'EQS se charge à 200 kW, ce qui la rend nettement plus lente que ses concurrentes Tesla Model S, Porsche Taycan et Audi e-tron GT.

Avec un prix d’attaque d'un peu moins de 160 000 €, l'EQS 580 est dans la même ligue que la Tesla Model S Plaid et la Porsche Taycan Turbo. Ce sont deux voitures sont beaucoup plus puissantes et - pour certains - beaucoup plus belles. Cela devient plus intéressant quand on sait que Mercedes propose également un EQC 350 dont le prix d'entrée est légèrement inférieur à 90 000 €. Cela nous semble déjà être la bonne affaire du siècle, si vous êtes sur le marché pour un véhicule électrique dans le segment supérieur.

CONCLUSION Mercedes ne réinvente pas la voiture électrique avec l'EQS. En revanche, elle introduit tout le luxe de la Classe S dans une électrique. La conduite est douce comme du beurre, les performances sont sans effort et la finition est de premier ordre. Cependant, vous ne trouverez pas le luxe de la banquette arrière d'une Classe S dans cette EQS ; il faudra probablement attendre le dérivé Maybach. Heureusement, être derrière le volant de cette EQS n’a rien d’une malédiction !