Essai : Volvo EX90, l'attente en vaut la peine ? (2024)

Le temps passe vite et ce n'est pas à Volvo qu'il faut le dire. Les Suédois ont dévoilé leur nouvel EX90 le 9 novembre 2022. Ceux qui espéraient le voir quelques mois plus tard dans la circulation ont été déçus. Eh oui, lors du développement du logiciel, Volvo a rencontré tellement de difficultés que la production effective n'a commencé qu'au milieu de cette année. Cependant, les premiers exemplaires étaient destinés aux États-Unis, où la voiture est construite. Lorsque l'EX90 arrivera chez nous, pourra-t-on encore parler de « nouveauté » ?

Minimalisme suédois (ou chinois)

De l'extérieur du moins, oui. Soyons honnêtes : il s'agit et il s'agira toujours d'un véhicule à l'allure imposante. Volvo a donc intelligemment combiné certains éléments de design de son petit EX30, avec la taille de sa plus grande voiture depuis des années, le XC90. En fait, le EX90 est même plus grand. À 5,03 mètres de long, il est plus long de 8 centimètres que son frère de combustion, et cette longueur est accentuée par le fait que le nouveau venu est plus bas de 3 centimètres. Pourtant, il reste immédiatement reconnaissable comme étant une Volvo, notamment grâce à sa signature lumineuse « marteau de Thor » et à ses feux arrière surélevés.

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À l'intérieur aussi, l'ADN Volvo est clairement présent. Dites bonjour au minimalisme scandinave...ou plutôt au minimalisme chinois ! Comptez sur un grand écran tactile vertical de 14,5 pouces sans aucun bouton physique - est-ce du bon ou du mauvais minimalisme ? - Bien que contrairement à l'EX30, l'EX90 dispose d'un écran séparé pour le conducteur. Pour le reste, cette Volvo excelle dans le choix des matériaux, avec des plastiques solides là où on les souhaite, des textiles doux où on les touches et, bien sûr, d'excellents sièges.

La Volvo la plus puissante de tous les temps

Encore un bouton ou deux, et on pourrait se croire dans un XC90…jusqu'à ce qu’on commence à rouler. C'est là que tout devient complètement différent car, comme le « E » de son nom l'indique, l'EX90 est électrique dans toutes ses versions. Elles sont au nombre de trois : l'EX90 Single Motor avec un moteur électrique et 279 ch, l'EX90 Twin Motor avec - vous l'avez deviné - deux moteurs électriques et 408 ch et l'EX90 Twin Motor Performance avec les mêmes deux moteurs électriques, mais pas moins de 517 ch. Ce qui fait de cette dernière la Volvo la plus puissante de tous les temps.

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Le chiffre qui compte vraiment dans un véhicule électrique est, bien sûr, la capacité de la batterie. Là encore, les Suédois ont mis le paquet puisque la version Single Motor dispose déjà d'une batterie de 104 kWh. Les versions Twin Motor et Twin Motor Performance atteignent même 111 kWh, bien qu'elles n'obtiennent guère plus d'autonomie en raison de leur consommation plus élevée. L'autonomie théorique de la Single Motor est donc de 580 kilomètres, celle de la Twin Motor de 600 kilomètres et celle de la Twin Motor Performance de 590 kilomètres. Tous ces modèles peuvent être rechargés rapidement jusqu'à une puissance de 250 kW, ce qui permet d'atteindre une capacité de 10 à 80 % en une demi-heure.

Isolé du monde

On parle délibérément d'un « autonomie théorique », car avec un tel mastodonte, il est difficile de s'approcher des 21,1 kWh/100 km que Volvo prévoit pour la consommation. Notre moyenne, par exemple, a oscillé entre 22 et 23 kWh/100 km, même s'il faut dire que nous avons surtout parcouru beaucoup de kilomètres sur autoroute avec notre Twin Motor Performance. Les électriques n'aiment généralement pas cela et notre ordinateur de bord a donc maintenu une autonomie de seulement 450 km avec une batterie pleine. C’est correct, du moins tant que vous tirez l'énergie gratuitement de vos panneaux solaires.

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En ce qui nous concerne, nous laisserons cette version Performance pour ce qu'elle est, et la raison en est simple : jamais, au grand jamais, cette Volvo ne vous incitera à une conduite sportive. Non seulement parce que son poids à vide de plus de 2,8 tonnes se retournera contre vous, mais aussi parce qu'il s'agit d'un SUV incroyablement relaxant. Les électriques sont bien sûr toujours très silencieux, mais à l'intérieur de cette Volvo, on n'entend pratiquement rien du monde extérieur, surtout si vous la commandez en finition « Ultra », car elle est équipée du double vitrage. Ajoutez à cela sa suspension pneumatique et le patchwork belge de nids-de-poule est filtré de manière experte. En bref : on ne peut pas être mieux assis pour de longues distances…

Bålzåål

D’ailleurs, ce n’est pas seulement le cas du conducteur. À l'arrière, par exemple, la banquette est si spacieuse que même des adultes corpulents ne s'en plaindront pas, et l'effet « genoux en l'air » dont souffrent parfois les életriques n'est guère présent ici non plus. D'ailleurs, la banquette arrière est coulissante en trois parties, ce qui peut être utile si l'on veut faire de la place pour les deux bébés de la troisième rangée, bien qu'il y ait assez d’espace pour un adulte. Derrière cette troisième rangée, il reste 310 litres de volume de coffre et, une fois ces sièges rabattus, ce volume passe à 655 litres. En rabattant toutes les assises arrière, on obtient même 1 915 litres...

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Pour l’instant, notre essai est empreint de bonnes nouvelles, n'est-ce pas ? Eh bien, cette tranquillité va être perturbée, car il a une série de points noirs. Ce grand écran d'infodivertissement fonctionne peut-être avec le logiciel haut de gamme d'Android Automotive, mais secrètement, un ou deux boutons de plus n'auraient pas fait de mal. Il faut passer beaucoup trop de temps à faire défiler les menus et, pendant ce temps-là, le système de surveillance du conducteur rappelle constamment qu’il faut regarder devant soi…

En outre, les boutons du volant ne sont pas rétroéclairés. La nuit, on est littéralement dans le noir. On trouve parfois de tels défauts chez d'autres marques, mais pas chez Volvo, avec sa longue histoire de logique conviviale,. En termes d’ergonomie, on s'imagine presque dans une voiture chinoise et, bien que Volvo ait été sous domination chinoise pendant un certain temps, on n’aurait jamais dit cela d'un XC90…

Tout ça, pour ça

En plus de ces problèmes, on a également rencontré de véritables bugs logiciels, comme une partie de l’écran qui reste collé à la dernière fenêtre, ou le son des clignotants qui disparait durant tout un trajet. Cependant, ces problèmes sont facilement corrigés par une mise à jour over-the-air. D’ailleurs, cette mise à jour devrait enfin ouvrir l’usage du LiDAR. Cette bosse en haut du pare-brise ne fait actuellement rien, alors qu'elle est censée, avec toutes les autres caméras et tous les autres capteurs, assurer une conduite autonome jusqu'au niveau 3. Pire encore, même le régulateur adaptatif est à usage limité, car le réglage de la distance par rapport au véhiculer précèdent n’arrivera que plus tard. En 2024, c’est pas trop demander, non ?

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Ce dernier sentiment est d'autant plus renforcé par le prix. Ainsi, pour un EX90 Single Motor, il faut déjà débourser 86 320 €. On le sait : c'est juste le prix d'un gigantesque véhicule électrique sur ce segment. En effet, la Volvo n'est que légèrement plus chère qu'un Mercedes EQE SUV ou BMW iX, non moins spacieux, et même moins chère que l'Audi Q8 e-tron de base. Pour ce prix, cependant, on s’attend à avoir la crème de la crème et, dans l'état actuel de cette EX90, ce n'est pas encore le cas.

Conclusion

Ne nous méprenons pas : cette Volvo a un potentiel énorme. Elle est belle à regarder, agréable à l’intérieur, incroyablement confortable au niveau des suspensions, soignée et impressionnante au niveau de son groupe motopropulseur. Pour l'instant, le EX90 a juste besoin d'éliminer quelques bugs et d'ajouter quelques fonctionnalités pour rivaliser avec les autres véhicules électriques haut de gamme. Il y a donc de fortes chances que lorsque vous lirez cet essai un an après sa publication, toutes nos plaintes auront été résolues. Cette Volvo sera alors sans aucun doute l'un des meilleurs véhicules électriques de son segment...

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