C’est un moment historique ! Nous avons un tout premier belge champion du monde des rallyes et cela ne s'est pas fait sans mal. J'avais prédit ce moment il y a 10 ans, mais à l'époque, mon enthousiasme n'avait pas été très bien accueilli.
Lorsque j'ai entendu le nom de Thierry Neuville pour la première fois (en 2013, bien avant que je ne rejoigne Autofans), j'étais responsable de la communication pour Hyundai Belux. J'ai reçu un appel de Hyundai Europe avec la sèche nouvelle qu'une nouvelle équipe de rallye était en préparation et qu'un Belge serait l'un des deux pilotes. Un rallye ? Vraiment, et ce pour une marque qui n'a même pas de modèles sportifs dans sa gamme à l'époque ? Et Thierry qui ? J'ai dû googler le nom où son palmarès, certes court, m'a tout de suite fait comprendre que l'homme avait beaucoup d'atouts. Le responsable des relations publiques de l'équipe sortante de Thierry, Ford, m'a également appelé pour me faire comprendre que, du point de vue de la communication, j'avais tiré le billet de loterie gagnant, même si, à l'époque, je n'arrivais pas à deviner ce que cela signifiait exactement.
J'ai également dû me plonger dans le sport lui-même, parce que, putain (pardon), c'est vraiment très complexe. Un tsunami de règles le rend trop complexe pour un profane, et en plus, bien sûr, vous n'avez pas les données où vous voyez visuellement deux voitures de course se dépasser l'une l'autre. Mais l'intérêt croissant des médias et des amateurs rallye m'a fait penser que je devais investir du temps et de l'énergie dans la promesse de Thierry Neuville.
Aller au rallye avec la presse, pour ne rien voir
Janvier 2014 : Thierry Neuville s'engage pour la première fois dans le mythique Monte-Carlo au volant de sa Hyundai i20 WRC. Je voulais montrer mon enthousiasme et mon dévouement et j'ai immédiatement réservé un vol pour Nice pour un groupe de journalistes afin de voir Thierry faire ses débuts. Nous n'étions pas encore montés dans l'avion que Thierry sortait de la piste dès le premier essai. Le groupe était dans le sac et les cendres, mais nous avons décidé de nous rendre quand même à Monte-Carlo. Ce n'était manifestement pas les débuts que Thierry attendait, mais il a pris le temps de parler à notre délégation. Pour votre première course pour votre nouvelle marque, vous êtes sorti de la piste et vous avez su gérer votre perte de manière professionnelle ? J'y ai déjà vu les traits d'un champion en devenir.
Maintenant, depuis 10 ans que je continue à suivre Thierry avec un enthousiasme sans faille, il m'a encore donné quelques fois de solides crampes d'estomac. Comme en 2017, lorsque, avec Hyundai Belgium, nous avons amené Neuville au rallye d'Ypres. J'ai dû demander beaucoup de budget à mon patron pour amener l'équipe de rallye Hyundai à Ypres, mais je lui ai assuré que les journaux seraient pleins d'informations sur Thierry Neuville le lundi. Thierry a chuté de manière spectaculaire et j'ai appris plus que jamais que le rallye peut être un sport implacable qui ne tolère pas les erreurs. Cela rend les choses encore plus difficiles, car dans ce sport, en tant que pilote, vous devez simplement aller chercher les derniers dixièmes de secondes pour être meilleur que vos concurrents. Et il arrive que les choses tournent mal.
Cinq fois le 2e, c'est la fête !
Ces erreurs inexorables ont joué des tours à Thierry à d'autres moments et la voiture n'était pas toujours au niveau des concurrents. Heureusement, cette saison, la Hyundai i20 WRC est en haut de l'affiche. Mais quelles que soient les circonstances que l'on ne peut pas toujours contrôler en tant que pilote, Thierry a toujours conservé une incroyable éthique de travail. Et pas seulement dans les épreuves spéciales, mais aussi en dehors. Prendre une demi-journée de congé pour une séance photo, un co-pilote pour make-a-wish, serrer la main de 200 distributeurs Hyundai et garder le sourire ? Thierry le fait toujours avec le sourire. Avec une authenticité que j'ai rarement vue. Même les journalistes qui, de manière routinière et malveillante, font des reportages négatifs, obtiennent une interview honnête la fois suivante. Avoir les pieds sur terre et rester professionnel, c'est tout à fait Thierry Neuville !
Cette approche a porté ses fruits au cours des dix dernières années, puisqu'il a apporté à Hyundai le titre de champion du monde des constructeurs à deux reprises et qu'il a lui-même terminé à la deuxième place du classement général pas moins de cinq fois. Les médias et mon cercle d'amis se sont plus d'une fois moqués de lui (ce que j'ai ignoré à chaque fois), mais ces résultats sont tout à fait impressionnants. Les médaillés d'argent passent directement des Jeux olympiques à une audience au Palais royal, mais ce quintuple vice-champion du monde ne mérite pas de félicitations ? C'est de la foutaise, il aurait déjà dû y avoir 5 grosses célébrations.
Le plus grand fan
De l'eau a coulé sous les ponts, comme on dit, car la fête peut maintenant commencer. Le titre de champion du monde est plus mérité que jamais ! Avez-vous vu à quel point il s'est battu (mentalement aussi) au Japon après une défaillance technique ? C'est vraiment typique de Thierry, il est fort dans sa tête, il se relève et continue toujours à se battre. Et utiliser son talent, parce qu'il l'a en surplus.
En outre, Thierry s'est toujours bien entouré et nous ne pouvons pas sous-estimer l'importance des personnes qui l'ont aidé à atteindre ce résultat. Notamment le copilote Martijn Wydaeghe qui s'est avéré être un partenaire incroyable, et son manager Geoffroy Theunis qui a senti mieux que quiconque comment il pouvait subtilement mais résolument amener Thierry à un niveau supérieur. La confiance unique entre Thierry et son entourage est agréable à voir, mais elle a aussi une valeur ajoutée importante dans cette histoire de succès. La liste de confiance inclut d'ailleurs l'équipe Hyundai Motorsport. Plus d'une fois, Thierry a eu l'occasion de partir, mais c'est un homme qui reste fidèle aux personnes qui méritent sa confiance. Cela fait plaisir à voir.
Non, je n'ai jamais douté que ce jour viendrait, et il est amplement mérité. Je ne sais pas si Thierry regrette quoi que ce soit dans sa carrière (tel que je le connais, je soupçonne que non), mais sur le plan personnel, je suis heureux d'avoir toujours continué à croire en son talent et en ce résultat. Mon seul regret est de ne pas avoir pu être là pour le féliciter. Par la présente : grandes félicitations Thierry, et ajoutez quelques années de plus. Je reste ton plus grand fan.
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